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LES GUÉRÊTS EN FLEURS


« Ils n’ont pas convolé, tu sais ! »
S’exclame Suzanne Corbeille.
« Hélas ! de trop près Grandpré veille,
« Sur sa fille et sur son gousset ! »

Et bientôt du fond de « l’allonge, »
Des rires fusent, des chansons
Exaltent les blondes moissons
De l’été fuyant comme un songe.

Assis en rond, les visiteurs
Se lancent, qui mille fleurettes,
Qui, barbes de blé-d’Inde, aigrettes
Aux vives et chaudes senteurs.

« À moi ! l’épi rouge, » dit Pierre.
Et, devant tous les paysans,
Il agite en ses doigts pesants
Ce rare produit de la terre.

Et l’on échange sans détour,
Au milieu de ce verbiage :
Légers, des mots de badinage ;
Graves et doux, des mots d’amour.