Page:Gingras - Les Guérêts en fleurs, poèmes du terroir, 1925.djvu/53

Cette page a été validée par deux contributeurs.

NOCES CHAMPÊTRES


Et la cloche sonnait… Par un brillant matin
Où l’aube à peine née annonçait au lointain
Un soleil radieux dont l’orbe se précise,
Un vaillant laboureur conduisait à l’église
La fille d’un meunier. Et le long des moissons,
Et des bords du chemin, et parmi les buissons,
Et de partout, les oiseaux pour fêter la noce
Comme les invités avec un soin précoce,
Unissaient leurs concerts à celui des grillons
Blottis dans les fossés, cachés dans les sillons
Qui, sous l’effort puissant des ferments en révoltes,
Sans un cri de souffrance enfantent les récoltes.
Et la cloche sonnait d’un son pieux et doux.
Elle sonnait dans l’âme éprise des époux,
Et sonnait dans l’azur au-dessus des pacages,
Par-delà les grands monts, par delà les bocages,
Et sonnait au-dessus des étangs et des toits,
Et sonnait à couvert par les sentiers étroits
Où les vaches, le soir, reviennent une à une,
Vers la ferme tranquille estompant sous la brune
Les corps blanchis à chaux de ses grands bâtiments,
Elle sonnait parmi les nids et les sarments,
Et sonnait aux carreaux des fenêtres ouvertes
Où, le regard furtif, les femmes, indiscrètes,
De la main saluaient d’un lent geste amical,
Les convives venus au festin nuptial.
Et la cloche sonnait sans trêve à l’aventure,