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DANS LES FRICHES


De grand matin, quittant le toit de leur chaumière,
Mes voisins, père et fils, deux vaillants défricheurs.
Gagnent les abattis où du jour les blancheurs
Argentent quelque étang d’une pâle lumière.

Sur le fond cahotant des chemins poussiéreux,
Leur ombre se détache, ainsi que des fantômes,
Par une nuit sans lune égarés dans les chaumes,
Et dont la fuite émeut l’âme du sol pierreux.

Leur repas du midi rejeté sur l’épaule,
Gît dans quelque vieux sac fait de grossier coutil.
Ils vont, parfois disant des mots brefs : « C’est du mil
« Qu’il faut ensemencer par le pré du « Grand Saule… »