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LA MAISON PATERNELLE

V

Ô morts aimés ! ô morts anciens ! vous dont la vie
Toute de pur amour, d’action, de travail,
Reflète sur la mienne ainsi qu’un clair vitrail,
Le mâle et noble orgueil que mon cœur vous envie ;

Recevez en ce jour le grave et doux serment,
D’un fils qui veut garder une promesse sainte,
La certitude que de votre pied l’empreinte
Se doublera du mien sans faiblir un moment.

Car, l’immuable loi qui régit tous les mondes,
Mit ce culte en mon cœur qui ne doit l’abaisser ;
Et rien jamais, non rien ne pourra l’effacer,
Au sang des miens transmis par vos œuvres fécondes.

À mon tour je serai l’aïeul presque impotent.
Puis, l’heure sonnera, l’heure où la mort fatale
S’emparant de mon corps, à la terre natale,
Comme un juste tribut, me rendra tout content.

Que ma part soit ainsi, ma part sera trop belle !
Mort en léguant aux miens ce toit vieux de cent ans,
Jamais race plus noble en tous ces « habitants »
Ne conservera mieux la maison paternelle.