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LES VAINS ESPOIRS


Ils frappent à coups drus à l’auberge du cœur ;
La porte est close. Ayant abaissé leurs prunelles,
Ils dorment sur le seuil, tels ces bons chiens fidèles,
De leur maître espérant quelques mots de douceur.

Ils rêvent : l’or trompeur les berce de mensonges ;
Assoiffés de désirs, ils forment des palais ;
Et, tout à coup semblable à l’onde aux clairs reflets,
Fuit l’objet convoité sous les yeux de leurs songes.

Puis ils ont beau gémir, on ne les entend pas.
Leurs grabats douloureux font place à de faux trônes ;
Ce qu’ils croient des présents ne sont que des aumônes,
Et leurs titres de gloire, on en médit tout-bas.

C’est pourquoi, quelquefois, des pleurs en ses prunelles
Le Souvenir passant, essuie avec douceur
De sang taché, le seuil de l’auberge du cœur
Où meurent, tour à tour, nos vains espoirs fidèles.