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LES GUÉRÊTS EN FLEURS


Elle obscurcit le jour de sa blancheur étrange,
Répandant sa toison sur les logis rêveurs.
Il neige au fond des bois, il neige sur la grange,
Et sur le lac, et sur la rive, et dans les cœurs.

Tout n’est plus qu’un linceul. Les moulins, les villages
Qu’on voit blottis au loin dans les sombres replis
Des vallons où sont morts la mousse et les feuillages,
Apparaissent vêtus d’un immense surplis.

Le sentiers sont déserts, déserts sont les bocages,
Car depuis que le Sol se refuse au travail,
Les prés jadis en fleurs, n’étaient plus que pacages ;
L’étable sous son toit protège le bétail.

Or, souvent au sillon béant comme une plaie,
Un coutre abandonné songe à de meilleurs jours ;
Un mannequin sans tête, émergeant d’une haie,
Croule, battu des vents, sur le brun des labours.