Page:Gilson - Celles qui sont restées, 1919.djvu/240

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même… Je veux aller où vous allez, dans ces clartés…

François. — Oui, douce, sainte, c’est ainsi que je vous prendrai… et que nous nous aimerons… dans la splendeur des irréalités ! Que rien ne trouble plus la divine harmonie de votre rêve… de nos noces sacrées… Je veux en éloigner ce corps indigne… qu’il ne vienne pas, en sinistre et haletant trouble-fête… épouvanter la fleur pure de notre baiser !…

(Il fait une profonde inspiration et se retient au châssis de la fenêtre, près de lui.)

Madeleine, dans un cri. — Ah ! bien-aimé ! Vous m’avez prise ! Nos âmes se sont étreintes… je me suis donnée… oh ! je ne suis plus moi ! je ne suis plus qu’à vous… Le miracle de votre amour s’est accompli. Ce sont nos noces, nos noces célestes !

François, d’une voix faible, comme une plainte infinie. — Madeleine… oh ! ma douce femme d’âme…

Madeleine. — Je t’aime.

François, épuisé. — Enfin ! je peux approcher ta radieuse beauté… (Il défaille.)

Madeleine. — François ! As-tu mal ? Pourquoi me regardes-tu ainsi ?

François. — Je te cherche. Est-ce bien toi… Il fait si clair !