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préface

de drames pris sur le vif, dont le milieu et le décor sont évoqués avec netteté, et dans lesquels se meuvent et s’agitent, sur un fond d’orage, des personnages divers, dessinés avec relief, que la tourmente entrechoque et dont la sensibilité s’aiguise douloureusement. L’auteur n’a rien perdu de sa finesse, mais connaît maintenant l’art de composer, de nouer et de dénouer une action, et son analyse pénétrante, sans cesser d’être féminine, est devenue plus sûre, plus franche et plus aiguë. Des huit morceaux qui composent le livre, il n’en est pas un qui soit médiocre et j’en sais plusieurs, parmi lesquels La Grand-Mère, qui sont d’un art savant, discret et profond. Parmi les livres que la guerre a fait éclore en Belgique, celui de Madame Gilson est certes l’un des meilleurs. »

Voilà ce que je dirais si, au lieu d’écrire une préface, j’étais encore le critique littéraire de cette Jeune Belgique où chacun d’entre nous avait le droit de penser tout haut, à l’époque légendaire où personne n’écrivait de préface, ni pour les autres ni pour soi-même.

ALBERT GIRAUD.