ruines : presque tout a disparu. Et les couvents des Mendiants, par leur situation dans les villes, étaient plus exposés que d’autres à tous les vandalismes. On détruit tous les jours : l’église des Jacobins, à Gand, qui était admirable, n’a été abattue qu’en 1860 ; on a rasé l’original, pour en faire à Ostende une copie moderne. Il reste toutefois quelques exemplaires charmants : les Prêcheurs de Colmar, avec leur chœur ogival et leur nef à plafond de bois, sont une église aussi précieuse par sa forme que par ses souvenirs.
Autant qu’on peut juger après tant de ravages, ce sont les Jacobins qui ont été les architectes les plus originaux. Ils avaient des églises à quatre nefs, comme à Strasbourg, et surtout un type à deux nefs, qu’ils avaient inauguré au « Grand Couvent » de Paris, et dont quelques spécimens se sont conservés jusqu’à nous, aux Jacobins de Constance, d’Agen et de Toulouse. Les Jacobins de Toulouse sont un des purs joyaux de la France. C’est un long vaisseau divisé dans le sens de la longueur par une file de sept colonnes qui reçoivent les nervures d’une double voûte de briques. Sapientia ædificavit sibi domum, excidit columnas septem. Division inédite, d’une grâce incomparable. Le chœur, où les deux voûtes se confondent en une seule, et où quarante arceaux retombent sur un pilier central ou rejaillissent en gerbe comme un bouquet de palmes, — ce chœur est une trouvaille dont les yeux ne se lassent pas[1].
Mais j’ai à vous parler, pour finir, de deux traits qui se retrouvent dans toutes les églises des Mendiants et qui
- ↑ Cf. Percin, Monumenta conventus Tholosani, Toulouse, 1690, et Manavit, Mémoires de la société archéologique du Midi, t. VII, p. 109 et suiv. — Sur le « Grand Couvent » de Paris, cf. Lenoir, Statistique monumentale de Paris, 1867, p. 165, 170 et planches. — En général, sur les églises dominicaines de France, consulter Rohault de Fleury, Gallia dominicana, Paris, 1901, 2 vol. in-fo.