Page:Gillet - Histoire artistique des ordres mendiants.djvu/415

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tion, les services d’information et de vulgarisation dévolus de nos jours à la presse, ont été une part de l’office qu’ils remplissaient. Ils sont le système nerveux de l’Europe au moyen âge. Ils assurent la cohésion de la famille humaine. La vie morale de l’Occident, jusqu’à la Renaissance, serait inexplicable sans l’action universelle des ordres religieux et en particulier des Ordres Mendiants.

C’est cette histoire dont j’ai tenté de retracer l’esquisse en en cherchant les éléments dans les œuvres de l’art. La manière de peindre ou de sculpter une Vierge, la grâce d’un sourire, l’expression de l’angoisse ou du deuil maternel sur un visage de marbre ou de pierre, nous ont appris les variations de la sensibilité : sur cet écran, l’humanité projette la figure de ses rêves, modèle lentement la forme de son idéal. Il y a ainsi, pour qui sait voir, plus d’histoire véritable dans le jet précieux ou désolé d’une draperie, dans le geste du bambino collé au sein de la Madone, ou dans la pathétique silhouette d’un Crucifix, qu’on n’en trouve dans les textes des traités officiels et dans les chartes des chancelleries. C’est dans de pareils signes, c’est dans cette mystérieuse et touchante écriture, que nos pères ont déposé le secret de leurs émotions et les mémoires de leur cœur ; c’est là qu’il faut chercher leurs meilleures confidences.

Alors, si l’on ajoute la somme des œuvres disparues, au nombre incalculable de celles qui subsistent encore, il semble que nous prenions une vue nouvelle de la vie ; le passé se montre sous un autre jour. Ce qu’on appelle les grands faits, les conquêtes, les batailles, perd subitement son importance. Ces événements fameux ne paraissent plus que des accidents fortuits et éphémères ; ils n’ont fait qu’un peu de bruit, produit qu’un léger remous, un trouble d’un instant dans un coin de l’univers. Ce qui