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LA SOURCE


Dans ce bocage où l’aube a mis ses diamants,
Je dors. Par-dessus moi le soleil entre-croise
Des fils d’or, et les bois et le ciel de turquoise
Plongent dans mon miroir leurs mirages charmants.

Sous la mousse entends-tu mes frais bruissements ?
J’abreuve les lézards craintifs et apprivoise
Les merles pétulants qu’attire la framboise.
Ici, le blanc platane abrite les amants.

Regarde ce vieux hêtre et l’offrande qui l’orne :
Naucrate a suspendu cette coupe de corne,
À mon flot bienfaisant s’étant désaltéré.

Là-bas, sommeille Pan ; et parmi les fougères
Les Nymphes, au beau front de narcisses paré,
Mènent leur ronde folle et leurs danses légères.