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BACCHYLIS

La rosée irisée abreuve les coteaux,
La mer voluptueuse argente sa volute,
Le pâtre, en regardant bondir ses blancs troupeaux,
Se plaît dans la bruyère à jouer de la flûte.

ALCIME

Quant à moi, rien ne peut me charmer désormais,
Ni le ruisseau joyeux, ni les fraîches corolles ;
L’enfant aux yeux mutins, l’ingrate que j’aimais
Ne répond plus, hélas ! à mes tendres paroles.

BACCHYLIS

Sur le golfe d’azur déjà le matelot
Ouvre sa voile au souffle embaumé de la brise,
Sa barque glisse, fuit et se berce, et le flot
Autour d’elle palpite, étincelle et s’irise.

ALCIME

Puissé-je te franchir, ô toi, stérile mer,
Et dans la nuit voguer vers la rive d’Asie ;
Plus que tes flots, l’amour de mon cœur est amer,
Plus que tes ouragans, je crains la jalousie.