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Une immense clameur s’élève jusqu’au ciel ;
Des ruisseaux de vin d’or et des ruisseaux de miel
Jaillissent des rochers et soulèvent les terres.
Le cortège apparaît dans l’ombre. Des panthères,
En miaulant d’amour, se glissent au milieu
De la foule enivrée où triomphe le dieu.
Les Ménades, les seins aigus, ceintes de lierre,
En bruyants tourbillons courent dans la clairière
Aux sons vertigineux des cymbales d’airain,
De la flûte sifflante et du sourd tambourin.
Du sol monte, exaltant leur divine furie,
Une vapeur pareille à l’encens de Syrie.
Soudain, Dionysos s’élance ; de ses bonds
Il excite la danse en détours vagabonds ;
Faisant voler dans l’air sa chevelure épaisse,
Il enflamme le chœur, le devance ou le presse
À travers les taillis pleins d’ombre, au fond des bois.
Des ravins éloignés monte sa belle voix ;
Il vient et, brandissant la tige de férule
Dont la résine flambe et dont la flamme ondule,
Il lance au chœur épars son appel frémissant.
La foule sur ses pas accourt, ivre de sang,
Et la jeune Bacchante, au regard intrépide,
Dans les gazons en fleurs bondit d’un pied rapide.