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Trompant mes soins, ton cœur fol et prompt au désir
A-t-il été tenté par un subtil mirage ?
Par une ombre ébloui, poussé par le plaisir,
Sans doute tu voulus imprudemment saisir,
Ainsi que dans un songe, une irréelle image.

Ah ! pourquoi m’as-tu fui ? Quel est donc le Vainqueur
Qui désormais du Mal affranchira la terre ?
La nuit en mon esprit monte avec la douleur ;
Plus jamais tes beaux yeux n’éclaireront mon cœur,
Lorsque je gagnerai ma tente solitaire.

Jadis, quand j’entendais l’appel de tes baisers,
J’accourais, orgueilleux d’avoir rempli ma tâche ;
Aujourd’hui, tous mes vœux sont morts désabusés…
Mais, afin de venger mes chers rêves brisés,
Dis : quel dieu te retient et quel autre te cache ?

En vain, pour te trouver, comme un cerf aux abois
Broyant les frêles troncs et les robustes souches,
J’ai parcouru les monts abrupts et les grands bois ;
Je t’ai nommé trois fois, infidèle, et trois fois
Écho m’a renvoyé mes désespoirs farouches.