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Je ne t’abandonnais jamais, ni quand Midi
Crible d’or la rivière et la forêt moussue,
Ni quand l’oiseau revient à son nid attiédi ;
Joyeux et plein d’espoir, j’aidais ton bras hardi
À soulever mon glaive et ma lourde massue.

Prêt à te secourir et toujours défiant,
Je surveillais tes pas avec un tendre zèle ;
J’étais comme une mère auprès de son enfant
Que sa sollicitude attentive défend,
Et mon amour pensif t’abritait de son aile.

Ô fils chéri ! de toi je voulais faire un dieu.
Calme et fort, et célèbre entre les plus célèbres,
Déjà je te voyais, ayant franchi le feu,
Victorieux du monstre ; et sur le grand ciel bleu
Tu te dressais, du front refoulant les ténèbres.

Et c’est toi qui devais, mes travaux accomplis,
Guider les chœurs heureux aux sons chastes des lyres
Par les chemins bordés de roses et de lis.
La terre eût tressailli de joie, et dans ses plis
La mer voluptueuse eût bercé tes sourires.