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À chacun de tes pas cadencés, tes cheveux
En grappes d’or, ainsi que des raisins d’automne,
Bondissaient sur ton cou délicat et nerveux ;
Comme des diamants, des parfums vaporeux
En rosée, à tes pieds, tombaient de ta couronne.

Ton regard possédait la suave fraîcheur
Des sources et des fleurs que l’aube fait éclore,
Et ton visage était plus pur que la blancheur
De la lune qui brille au fond du ciel songeur ;
Il semblait qu’avec toi marchât la belle Aurore.

Toi seul, enfant, avais touché le cœur d’airain
De celui qui luttait contre l’hydre sauvage ;
Si, comme des oiseaux, palpitaient dans ma main
Tes cheveux caressés par un souffle marin,
Je tremblais, je restais sans voix sur le rivage.

Je t’aimais d’un amour inquiet et jaloux.
Ta beauté, tes vertus occupaient ma pensée ;
Je m’enorgueillissais de tes jeunes courroux,
Lorsqu’au fond de tes yeux impérieux et doux
Ton âme s’allumait de ma flamme embrasée.