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L’ÉTÉ

 
Quand sur les monts en feu l’air vibre, rien n’égale
La douceur de la sieste au fond des bois touffus ;
Un réseau d’or scintille entre les larges fûts,
Et dans l’herbe bruit la stridente cigale.

Mon existence est là, paresseuse et frugale ;
Loin d’Athènes, j’oublie alors ce que je fus,
Et, grisé par la vie aux mille bruits confus,
Heureux, d’un peu de lait caillé je me régale.

Près d’une source en fleurs, je m’étends au hasard.
Un faon s’arrête et fuit ; quelque subtil lézard
Glisse vers mes gâteaux pétris de miel et d’huile.

Et tandis qu’Hélios brûle les hêtres verts
Qui protègent mon front mieux qu’un auvent de tuile,
Pour charmer mes loisirs je module des vers.