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« Les vieillards, étonnés, au seuil de leur maison
« S’assemblent, ne sachant quel dieu passe, et le son
« De ma voix formidable et douce emplit la route.
« Béni qui me reçoit, bienheureux qui m’écoute ;
« Et toi, mon guide cher, ô toi qui me défends
« Des embûches, le ciel gardera tes enfants. »


Homère a dit. Il marche, et Glaucos l’accompagne.
Un soir religieux descend sur la campagne ;
L’air lumineux scintille entre les peupliers.
À l’horizon, les monts semblent de verts colliers
Que la mer ferme ainsi qu’une boucle d’agate.
La plaine dort : nul souffle ; une odeur délicate
Embaume la fraîcheur du soir.

Les voyageurs
S’avancent côte à côte, éblouis et songeurs,
Dans la solennité grave du crépuscule.
Un village apparaît. Au pied d’un monticule
Que couronne un bosquet, de myrtes parfumé,
Ils s’arrêtent. Alors, l’Aveugle de Kymé
Par son guide conduit, s’assied sur une borne
Qu’ombrage d’un mouvant feuillage une viorne.
Que les dieux protecteurs le gardent des méchants !
Par de calmes accords il prélude à ses chants ;
Sa voix mâle s’essaye. Aussitôt une troupe
D’enfants, d’adolescents et de vieillards se groupe,