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Réapparaît-il ? il ne peut distraire
Ses yeux amoureux des yeux amoureux ;
Fixé sur ses bords, toujours il espère,
Mais hélas ! toujours trompé dans ses vœux.

Et son cœur faiblit ; comme une colombe
Qu’un trait a blessée, il meurt peu à peu,
Et, dans un dernier appel, il succombe
Devant le miroir impassible et bleu.

L’âme humaine aussi que le désir ronge,
Malgré son effort sans cesse enrayé,
Vainement s’obstine à poursuivre un songe.
En voulant saisir ce qu’elle a créé.

Parmi l’éternel tourbillon du monde
Qui naît, disparaît et change toujours,
Elle pense voir, comme au fond d’une onde,
Mille objets divers aux charmants contours.

Mais, donnant un corps à ses propres rêves,
C’est elle qui sur un vide miroir
Projette ce jeu d’apparences brèves,
Dont l’illusion trompe son espoir.