Page:Gille - La Cithare.djvu/189

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Surpris et tenté, courbant une branche
Qui sur son front pose un casque odorant,
Les yeux étoilés d’azur, il se penche
Sur la vasque où dort le flot transparent.

Ô merveille ! il voit tout à coup sourire
Un céleste enfant au fond du bassin ;
Ce n’est point un rêve ! il vit, il respire,
Un souffle léger a gonflé son sein.

La surprise alors arrête son geste ;
D’un étrange trouble il est agité :
Quel dieu fraternel lui sourit ? Il reste
Éperdu d’amour devant sa beauté.

Brusquement en lui le désir s’allume ;
Un sang ardent bat ses tempes, un vin
L’exalte et le grise, un feu le consume,
Il veut posséder cet objet divin.

Mais à peine a-t-il approché sa bouche
De la bouche rose, ô fruit parfumé !
Que l’onde, en fuyant sitôt qu’il la touche,
Cache entre ses plis le visage aimé.