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LE SATYRE


 
L’été rutile. Au fond de la vallée étroite
Un temple blanc s’élève entre les hêtres bruns ;
Dans les grêles bosquets traînent de lourds parfums.
Rien ne bouge ; au lointain, la mer d’azur miroite.

Les épis scintillants dressent leur tige droite,
Et, tandis qu’assaillis par les taons importuns,
Les bœufs lourds cherchent l’ombre à l’entour des nerpruns,
Çà et là, sur le roc, bondit la chèvre adroite.

Nul souffle harmonieux n’agite les roseaux.
Tout dort. L’air est brûlant ; couchée au bord des eaux,
Paresseuse et rieuse, une nymphe s’étire ;

Et, vêtu d’une peau de panthère ou de lynx,
Mollement appuyé contre un arbre, un satyre
Promène en souriant ses doigts sur la syrinx.