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Et son sein délicat se gonfle de sanglots ;
Elle pleure à jamais le jardin de lumière
Plein de lacs transparents et de roses îlots,
Où s’épanouissait l’innocence première,
Ignorant la douleur, ignorant les sanglots.

Mais non ! ne pleure pas, Psyché, ta sainte faute ;
Il te fallait souffrir pour accomplir ta loi.
Dès ce jour, reconnais la mission plus haute
Par les dieux réservée aux mortels ; lève-toi
Sans pleurer plus longtemps, Psyché, ta sainte faute.

Accepte la Douleur qui te prend par la main
Et d’un nouvel espoir t’enflamme, ô jeune veuve !
Redresse ton front las, et poursuis ton chemin,
Sans faiblir, à travers ce séjour de l’épreuve,
Comme guide ayant pris la Douleur par la main.

Dompte le vil désir qui t’enchaîne à la terre ;
Tu connais maintenant et le bien et le mal.
Choisis. Puisque tu sais ce que notre âme espère,
Les yeux fixés au ciel, marche vers l’Idéal,
Et laisse se disjoindre et s’engloutir la terre.