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C’est en vain qu’elle appelle encor son jeune époux :
Nulle amoureuse voix ne répond à ses plaintes.
Les cheveux dénoués, les mains sur les genoux,
Seule avec sa douleur, elle songe aux étreintes,
Aux baisers enflammés de son divin époux :

Que chère était cette heure où s’ouvraient les étoiles
Comme des lotus d’or sur la nappe des cieux !
Elle attendait alors, confiante et sans voiles,
Et le cœur bondissant, l’amant mystérieux
Qui conduisait le chœur lumineux des étoiles.

Trahissant sa promesse elle a voulu savoir :
Elle a fait, sous ses doigts tremblants, jaillir la flamme ;
Hélas ! l’illusion n’est plus ; et sans espoir
Un feu mystérieux brûle à présent son âme ;
Elle meurt sous le poids de son cruel savoir.

Elle sait désormais que le désir l’enchaîne
Aux objets décevants d’un monde inférieur
Qui fuira sous la main ainsi qu’une ombre vaine,
Et tentera les sens sans assouvir le cœur ;
Elle sait le néant du désir qui l’enchaîne.