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Doit vaincre les erreurs qui l’assaillent en foule.
Tout naît, tout disparaît, tout change, tout s’écoule.
Vous poursuivez une ombre, et vous ne voyez pas
Qu’elle s’enfuit sans cesse à chacun de vos pas.
L’âme, privée, hélas ! de sa splendeur première,
Ne participe plus à la pure lumière.
La terre est un cachot, où nous n’entrevoyons
Que des reflets obscurs sans vie et sans rayons ;
De cette illusion rapide qui nous presse,
Nous sommes éblouis et comme pris d’ivresse.
Heureux l’homme au cœur pur, victorieux et fort,
Qui, dominant les sens et l’œuvre de la mort,
Dédaigne pour toujours un monde d’apparence.
Lui seul, fortifié d’une chère espérance,
Des douleurs et des pleurs par son rêve abrité,
Dans nos sombres chemins marche vers la clarté.
Bientôt brille à ses yeux l’éblouissante aurore
Où l’âme, extasiée et sans désir, adore
Les types éternels du Vrai, du Beau, du Bien.
C’est la source de Vie. Il n’espère plus rien
De ses fleurs de mensonge autrefois possédées ;
Il contemple en esprit les divines Idées,
Et, plus haut, gravissant une échelle de feu,
Consomme, pour jamais, l’union avec Dieu. »

Il dit ; et sa parole est comme une rosée.
Les disciples ravis se taisent : leur pensée