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Les rossignols amis gazouillent. Sous les arbres
On voit, dans la lumière, étinceler les marbres ;
Les tranquilles bassins reflètent les autels ;
Et parfois on entend rire les Immortels
Dans les bosquets touffus où la source bouillonne.

Contre un pâle olivier ou contre une colonne
Avec grâce appuyés, de nobles jeunes gens,
Sous le calme regard de leurs dieux indulgents,
Échangent les propos de leur esprit paisible.
La naissante beauté pare leur corps flexible.
Ils cueillent des rameaux, chantent, et tour à tour
S’entretiennent des dieux, de science et d’amour.
Comme des fleurs d’avril s’éveillent leurs pensées.
Les branches des cyprès, mollement balancées,
Bruissent à la brise harmonieuse et font
Glisser parfois une ombre errante sur leur front.
D’autres passent, heureux, sous le feuillage humide :
C’est Xanthippe, Lysis, Ménexène et Charmide,
Et le divin Platon les conduit à pas lent.
Le Maître bienveillant les instruit, et mêlant
Le doux miel du plaisir à l’eau de la sagesse,
Il distribue à tous sa sublime richesse.
Il marche au milieu d’eux comme un calme semeur.
Sa parole est suave, et son esprit charmeur,
Subtil en fictions, est plein d’allégories.
Les disciples pensifs songent : dans les prairies