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Ont cessé désormais leur long bourdonnement.
Le soir, des monts obscurs, descend furtivement ;
Les craintives perdrix s’appellent dans l’airelle.
Tandis que Daphnis tresse un piège à sauterelle
Avec des brins de jonc et des pailles de blé,
Toi, de nobles faveurs par les Grâces comblé,
Dans leur cage d’osier apporte ici nos grives.
Voici, cher Amyntas, du lait et des olives ;
Quant à moi, couronné de roses et d’anis,
J’emplis indolemment ma coupe, et je bénis,
La Paix, reine des cœurs. Hâte-toi. Je réclame,
Pour ma couche, des fleurs : anémone ou cyclame.
C’est bon. Quand les oiseaux bavards sont endormis
J’aime surtout à boire avec de chers amis,
Et, près de la fontaine où s’abreuve la biche,
À faire aussi griller la faîne et le pois chiche
Sous la cendre encor chaude ou sur les charbons vifs.
Mais cessons. Vois là-bas : à travers les grands ifs
La lune se balance au sommet de l’Hymette.
Or, que Zeus, protecteur des moissons, nous promette
Des loisirs bienfaisants et joyeux, un bétail
Fécond et vigoureux, de belles têtes d’ail,
Des figues, des raisins et de larges concombres.
Maintenant sommeillons. Dans les bocages sombres
Le funèbre hibou hue au seuil des tombeaux.
C’est l’heure où le dieu Pan fait chanter les roseaux.