Page:Gille - La Cithare.djvu/125

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

PLATÉE


 
Le choc des chars se heurte au fracas des cuirasses.
Dans un tourbillon d’or, les boucliers d’airain
Éclatent ; les mourants encombrent le terrain.
Le sang fume. Au printemps, les moissons seront grasses.

Tout fuit : Hircarniens, Perses, Mèdes et Thraces.
Sous les coups, les chevaux cabrés brisent leur frein.
Et la grappe vivante, accrochée à leur crin,
Dans les rangs affolés laisse de rouges traces.

L’horizon s’ouvre ; au loin, le tumulte décroît.
Sanglant, l’Asopos luit dans son lit trop étroit,
Et Platée apparaît dans la clarté qui vibre.

Devant un peuple jeune un vieux monde est tombé.
Tous s’arrêtent surpris ; et, vers l’Attique libre,
Une immense clameur porte le nom d’Hébé.