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Nous n’avons point gravé dans le marbre ou l’airain
Leurs hauts faits ; chaque flot de la mer, chaque grain
De ce sable fameux proclament leur vaillance.
Pallas les protégeait et dirigeait leur lance.
Iacchos les aidait de sa puissante voix,
Et la blanche Artémis qui passe au fond des bois,
Cachée au milieu d’eux, lançait ses traits rapides.
Étant pauvres et fiers, ils furent intrépides ;
La peur, ils ne l’ont point connue ; et c’est pourquoi
Quelques Grecs indomptés ont vaincu le Grand Roi.

Ô toi, joyau d’Hellas, charmante Salamine,
Que le soleil levant chaque jour illumine
Comme un trophée immense au fond du ciel doré,
Ton nom sera toujours pour nous aussi sacré
Que celui d’Éleusis ou celui de Kolone ;
Et, comprimant leur cœur sous le sang qui bouillonne,
Nos enfants te prendront à témoin, et soudain,
Pleins d’orgueil, se dressant en étendant la main
Vers la rive où jadis chantèrent nos fanfares,
Crieront : Là-bas, les Grecs ont chassé les Barbares.

Sois également chère à notre souvenir,
Qu’un lien fraternel puisse toujours t’unir
À ta sœur, Psytallie, îlot aux belles anses,
Que Pan remplit de chants et couronne de danses,