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II



Au signal des buccins, les hordes déchaînées
S’ébranlent. On croit voir déborder l’océan.
Une rumeur s’élève ainsi qu’un ouragan,
Et, partout, l’horizon fourmille d’une foule
Mouvante, monstrueuse et noire, dont la houle
N’expire qu’aux confins des mondes habités.
C’est le vomissement de toutes les cités.
Les boucliers, les arcs, les cuirasses, les pagnes
Se confondent. Une ombre envahit les campagnes ;
Le soleil s’obscurcit sous d’épais tourbillons,
Et, sept jours et sept nuits, passent des bataillons
Sordides et hideux, pêle-mêle et sans nombre,
Traînant, comme un filet, avec eux la nuit sombre.
La terre a disparu sous eux ; et par moment
Leur tumulte, leurs cris et leur piétinement
D’un bout à l’autre font trembler toute l’Asie.