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Il verra les enfants de ce peuple orgueilleux
Servir dans ses palais vastes comme les cieux ;
Ils charmeront les yeux des dix mille convives
Qui, dans les cours d’albâtre où chantent les eaux vives,
Sous les rosiers en fleurs et les clairs catalpas,
Chaque jour, vêtus d’or, partagent son repas.
Tel est son bon plaisir. Quant aux vierges hautaines
De la sévère Sparte et de la libre Athènes,
Il songe à les offrir à sa mère Atossa.
Il riait : Qu’est-ce donc que la Grèce ? Il fixa
Son regard de faucon sur ses pâles satrapes
Et dit : Malheur à ceux qui résistent ! En grappes
Je les ferai lier aux cèdres de mon parc ;
Ils entendront ronfler la corde de mon arc,
Je couperai leurs mains, leurs nez et leurs oreilles,
Jamais on n’aura vu des vendanges pareilles ;
J’irai, je briserai les membres et les fronts,
Je dompterai les mers et percerai les monts ;
Ormutz aura son temple à la cime du Pinde.


Il avait étendu la main : du fond de l’Inde
Jusqu’à la zone où règne un éternel hiver,
Un bruit confus, semblable à celui de la mer,
Gronda sur son royaume, et dura quatre années.