Page:Gill - Vingt années de Paris, 1883.djvu/82

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Oui, le Passant, bijou exquis, diamant taillé dans le rêve, serti dans la grâce, dont les feux allumèrent les premiers la gloire d’un ravissant poète, le Passant a donné des bluettes à toute la jeunesse éprise de littérature ; il a fait du mal, il en fait encore aux jeunes écrivains, comme on prétend que l’œuvre de Balzac fait du mal aux jeunes calicots.

Songez-donc ! avec un seul acte, entrer au cœur de la foule, enthousiasmer, régner le soir, être illustre ! Il y a de quoi tenter l’imitation, affoler tous les économes d’efforts, les pressés de jouir, tous les susurreurs de rien que le farouche rédacteur de la Rue, autrefois, a nommé : les Crotte-Menu

La première du Passant ! je me la rappelle comme si c’était hier :

On l’avait annoncée, prônée, escomptée au café de Bobino, voisin des arbres du