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C’était une vaste table en bois blanc, où traînaient, pêle-mêle, manuscrits et cornets de frites, aliments confondus de l’esprit et du corps, quelques chaises dépaillées, nombre de cannes, deux ou trois placards violents, piqués d’épingles au mur ; et, debout, scandant ses éloquences du poing, Vallès déclamant, ricanant, dictant ses articles, chauffant ses collaborateurs, distribuant la besogne, corrigeant les épreuves. — Une activité furieuse et jamais lassée ; des feux d’artifice de saillies, de paradoxes, des fusées de blague, des pétards d’indignation, des chandelles romaines d’enthousiasme ; et toujours du talent, une grande forme hardie, latine, bien moderne cependant, lyrique… et, j’ajoute pour l’agacer, romantique.

On rencontrait là des compagnons dont les noms, accouplés, jurent à cette heure :

Maroteau et Magnard, Francis Enne, Albert