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un sourd grognement. Le passant, effaré, sautait de côté, et, dans l’espace resté libre, le nain passait avec un ton fanfaron.

C’était Astezani qui trottait au travail ou en revenait, selon qu’il était huit heures ou minuit. Son travail c’était la musique ; le gonflement qu’il avait au côté droit sous son manteau, équilibrant sa bosse, était causé par une mandoline qu’il portait amoureusement serrée à son flanc difforme ; une antique et jolie mandoline florentine, au manche arrondi en volute, fanée, recuite, couleur de vieille orange.

Il arrivait des profondeurs de la banlieue, rêveur, grommelant, grincheux, livrant, du bout de sa canne, des combats aux chiens indiscrets qui le venaient flairer, gagnait le boulevard Michel et se haussait aux vitres des cafés.