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sardes ouvrières. Du reste, je ne regrette pas que le besoin de gagner ma vie m’ait placé souvent en face de ces têtes de trépassés : le doigt de la mort, en les modelant pour l’éternité, leur imprime d’étranges grimaces, de singuliers sourires. Pour le métier que je fais, à présent, ce sont là de bonnes études.

Celle que vous avez retrouvée, que j’ai vue l’autre jour à votre mur dans un petit cadre noir, porte la date lointaine de 1865. Il y a eu de l’ouvrage pour moi dans ce temps-là. Le choléra, dont j’avais peur, m’a fait vivre à peu près un an, ma foi !

Les gens tombaient comme des mouches. La photographie coûtait cher, on me savait pauvre et peu exigeant : — Allez chercher l’artiste de la rue Neuve-Guillemin !

L’artiste était au bain froid. Une fois au moins, chaque jour, entre deux brassées, j’entendais le baigneur crier mon nom. Eh !