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semble qu’on le regarde. Que va-t-il faire ?… il n’a ni faim, ni soif ; il est ivre, ivre de son vol. Cette pièce d’or, au fond de sa poche, lui brûle le creux de la main ; l’atmosphère à ses oreilles bourdonne comme un train de chemin de fer en marche. Où aller ? avec qui ? Ses anciens camarades de collège ? ils sont riches, lui pauvre : il serait moqué, humilié !… Il ira droit devant lui, à l’aventure ! Tiens ! la barrière ; on lui en a toujours fait un tableau épouvantable, de cette barrière où le peuple s’amuse. Pourquoi ? Les gens n’y sont pas fiers ; il y a d’autres grands gamins. Il y va.

Ce n’est pas le vrai peuple qui paresse par là… Des vagabonds, de faux ouvriers, curieux de frotter leur cuir à cette peau délicate, l’emmènent boire, lui font changer sa pièce : on ne le quitte plus, il a de quoi payer.