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la charrette broyée, volent en éclats, en poussière ; les deux ouvriers gisent sur le chemin, le mécanicien tué, le chauffeur, les jambes fracassées ; mais le train franchit l’obstacle, passe… Le prince est sauf !

Ah ! prince, vous êtes sauf. Quel bonheur ! Quelle joie pour votre auguste famille ! quelle perte c’eût été pour elle et pour nous ! Voilà une heureuse échappée, un vrai miracle, un chauffeur providentiel, — infirme désormais, pauvre diable ; mais on lui doit une belle chandelle. Il l’aura sans doute… Cependant, le prince est sombre.

Il est sombre, ce bon prince ; pour la première fois, ses intestins se resserrent. Il songe à ce qui aurait pu arriver… Quelle imprudence ! et qui l’a commise ?… Oh ! ce chauffeur, ce gueux ! Qu’on ne le laisse pas s’échapper ! — Ne craignez rien, Altesse, il n’a plus de jambes ! — Ah ! très bien. Qu’on