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était alors l’arche d’alliance de tout ce qui rimait, peignait, cabotinait au quartier Latin. C’est à Bobino que j’ai fait la connaissance d’André Gill.

Il déclamait debout sur une table, robuste et beau, les cheveux dans le gaz, au milieu d’un cercle de chopes. Sa voix de faubourg, un peu lourde, laissait tomber la rime et déhanchait la phrase qu’il dessinait d’un coup de pouce, en rapin. Après des vers de lui, délicats et spirituels, il dit de la prose de moi, une fantaisie parue la veille dans un journal et qu’il avait apprise. On est sensible à ces choses quand on débute, et de cette soirée on fut amis. D’abord de très près, puis