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Il a mis sur ton front l’obscur secret des causes,
Les lois de la nature et ses frémissements,
Pendant qu’elle assignait leur forme aux éléments
Dans l’infini creuset de ses métamorphoses ;

Et, scellant à jamais les arrêts du destin
Avec l’ardent burin de la foudre qui gronde,
Il a, dans ton granit, gravé le sort du monde,
En symboles trop grands pour le génie humain.

En signes trop profonds, pour que notre œil pénètre
La simple vérité des terrestres secrets,
Pendant que nous osons forger des mots abstraits
Et sonder le mystère insondable de l’être.

La Nature nous parle et nous l’interrompons !
Aveugles aux rayons de la sainte lumière,
Sourds aux enseignements antiques de la terre,
Nous ne connaissons pas le sol où nous rampons.

Nous n’avons pas assez contemplé les aurores,
Nous n’avons pas assez frémi devant la nuit,
Mornes vivants dont l’âme est en proie au vain bruit
Des savantes erreurs et des longs mots sonores !

En vain la Vérité s’offre à notre compas
Et la Création ouvre pour nous son livre :
Avides des secrets radieux qu’il nous livre,
Nous les cherchons ailleurs et ne les trouvons pas.