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AVE MARIA




De nouveau, la douleur envahissait mon être.
Dès que la nuit trop brève au Levant eût pâli,
Quand furent disparus le Silence et l’Oubli,
J’ai senti le remords de mon passé paraître.

De nouveau la douleur envahissait mon être.

Sur le premier degré du grand cap Trinité,
La mère de Jésus se dressait dans l’aurore…
Cependant que ma voix troublait l’écho sonore,
Le cri silencieux de mon cœur est monté

Plus haut que le sommet du grand cap Trinité.

— « Ave ! Je vous salue, ô Vierge immaculée !
Ave ! Je vous salue, ô Mère du bon Dieu !
Reine qui triomphez dans le royaume bleu
Dont vous portez au front la couronne étoilée,

Ave ! Je vous salue, ô Vierge immaculée !…

Mais j’ai perdu le droit de contempler le ciel,
Et je suis trop méchant pour prier, Vierge Sainte ;
J’hésite à vous parler ; je m’approche avec crainte
De ce vertigineux et formidable autel,

Car j’ai perdu le droit de contempler le ciel.

Pourtant, des affligés vous êtes l’espérance,
Et vous tendez les bras au pécheur repentant :