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— Je hais la lâcheté, frère au visage blême ;
Mais je t’ai vu gémir sur ma race, et je t’aime,
Reprit Tacouérima ; sur mon grand fleuve noir,
Au pied des hauts rochers, puisque le sort t’entraîne,
J’appelle à ton secours deux bons esprits des soirs ;
N’affronte pas sans eux mon tragique domaine !
Contre tes souvenirs ils te protégeront ;
Toujours, à ton premier appel, ils accourront,
Depuis l’heure où le soir étend son voile sombre,
Jusqu’à l’heure où le jour embrase le levant…
— Et le chef Montagnais se fondit avec l’ombre.

Alors je confiai ces paroles au vent :
— Que la Mort te soit douce, ô vieillard magnanime !
Rentre en paix dans la nuit qui ne doit point finir ;
Que ton chagrin s’envole au souffle de l’abîme,
Et qu’un rêve éternel berce ton souvenir !