Page:Gill - Le Cap Éternité, 1919.djvu/156

Cette page n’a pas encore été corrigée


Sur toi ton bon ange étendra son aile
Toute grande, afin de te garder mieux
Contre l’Esprit noir et mystérieux.
Lors, en tapinois, sans bruit et bien vite,
Dérobe au satin léger qui t’abrite
Une plume… Prends ! sans peur d’offenser
Ton aîné du Ciel ; on ne peut blesser
Les anges qu’au cœur : ils n’ont de la peine
Au fond de leur âme auguste et sereine,
Que si leurs amis les petits enfants
Ont de gros chagrins ou font les méchants…
Mets le blanc trésor sous la blanche toile
De ton oreiller : un rayon d’étoile
Viendrait le chercher. Ce que tu voudras,
Avec ce joyau demain tu l’auras…
Bonne nuit !… Ton ange attend ta prière.
Avant de dormir, ferme ta paupière. »

                              * * *

Dans le tiède nid de son doux sommeil,
Si Rose demain retrouve, au réveil,
La plume arrachée à l’aile divine
Sur laquelle un flot de rosée en pleurs
Mêle des éclats perlés aux pâleurs
De la noble hermine,
Toutes ces clartés pour vous décriront
Les neiges du cœur, le marbre du front,
Et la gamme blanche égrenant ses notes
Sur le col de cygne où la pureté
Met de blancs frissons, et l’émail lacté
Nacrant les quenottes.
Le pétale pris au grand lys ailé,
A pu sillonner l’azur constellé
Dont la majesté l’a baigné de gloire ;