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Les Deux Poètes


 
Les derniers visiteurs sortaient du cimetière.
C’était à l’heure calme où le soleil s’endort :
Avant de s’engloutir dans son lit de lumière,
Il avait embrasé le ciel de Thermidor.

Le saule que Musset réclama sur sa pierre
Épanchait de verts pleurs au sein des rayons d’or,
Et le chant d’un bouvreuil, ainsi qu’une prière
Pour les ensevelis, vibrait dans le décor.

Cependant que l’aëde, au milieu du silence,
Mélodieusement modulait sa romance,
Je me suis arrêté, pensif, près du tombeau.

Et mon cœur confondit les deux chantres sublimes,
Le poète des Nuits et le petit oiseau…
Rêve ! qui peut sonder la sphère où tu t’abîmes ?