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Nos conquérants ont flétri leur histoire.
Aussi, le justicier qui mesure la gloire
Des nations et leur iniquité,
Saura venger notre sœur acadienne
Au tribunal de la postérité…
Vive la Canadienne !
Ils ont fait arracher, magnanimes vainqueurs,
L’amoureux à la vierge, et l’époux à la femme,
Et l’enfant à la mère ; ils ont brisé des cœurs.
Ils ont, pour effrayer l’opprimé qui réclame,
Dressé des échafauds et forgé des verrous.
Mais ce n’est pas assez pour qu’une France tombe !
Ils ont en vain creusé dans leur nuit notre tombe.

Vivent la Canadienne et ses jolis yeux doux !
En supprimant notre langue à l’école,
Ils ont cru vers leur port fausser notre boussole ;
Ils ont pensé pouvoir briser le sceau
Éblouissant de la patrie ancienne,
Que nous portons au front dès le berceau.
Vive la Canadienne !
Qui donc empêchera, dans les roses printemps,
Les jeunesses qui vont jaser sous les érables
D’échanger en français, à l’aube des vingt ans,
Les éternels serments des amours périssables.
Une école demeure : ils se rappellent tous
Les mots harmonieux des tendresses premières,
Quand ils sautaient, bambins, sur les genoux des mères.
Vivent la Canadienne et ses jolis yeux doux !

Moins que jamais notre horizon est sombre.
Le sol natal est vaste et nous gagnons en nombre ;
Malgré ceux-là qu’une terre d’exil