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Les lys majestueux que des soleils féeriques
Font fleurir sous les pas des groupes séraphiques,
Sont morts dans le jardin sans fin du pays bleu ;
Comme des fleurs d’en bas, qu’un jour sans astre afflige,
Ils ont penché leur front expirant sur leur tige,
Quand ils ont vu partir le petit bébé Dieu.
 
Le trépas a laissé du ciel sur leurs pétales ;
Son souffle a respecté ces virginités pâles,
Car un rayon divin sur elles avait lui ;
C’est donc du ciel qui tombe avec leur beauté morte,
Éperdument livrée au souffle qui l’emporte,
Dans l’orgueil de descendre en même temps que Lui.

Et les lys trépassés ont caché les épines ;
Ils ont enseveli la pente des collines
Où, bientôt, le Martyr succombera trois fois ;
Ils ont enveloppé, dans l’éclat froid des marbres,
Les oliviers, et les roseaux, et ces grands arbres
Que les hommes pervers assembleront en croix.

Étale-toi, splendeur, entre le globe infime
Où l’humanité rampe, et l’insondable abîme !
Croule aux quatre horizons, avalanche de lys !
Tombe, tombe toujours, pureté, tombe encore,
Pour que Ses yeux, demain, à leur première aurore,
Retrouvent en notre ombre un peu du Paradis !


III



Tombe, tombe, cristal ! La paille de l’étable,
Entre le bœuf stupide et l’âne misérable,
Reçoit le corps frileux du grand Nazaréen.
Mais le Monde lassé du mensonge ancien,