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STANCES AUX ÉTOILES[1]




Étoiles ! tourbillon de poussière sublime
Qu’un vent mystique emporte au fond du ciel désert,
À vouloir vous compter, notre calcul se perd
Dans le vertigineux mystère de l’abîme.

Étoiles, tourbillon de poussière sublime !

Le puissant télescope ouvre son œil en vain.
Vous n’avez pas livré le secret de votre être,
Et nous vous admirons sans pouvoir vous connaître,
Quand descend dans le soir votre rêve divin,

Le puissant télescope ouvre son œil en vain !

Yeux d’or indifférents aux frêles destinées,
Des peuples ont sombré dans le fatal remous,
Avant que vos rayons égarés jusqu’à nous
Aient franchi la distance en des milliers d’années.

Yeux d’or indifférents aux frêles destinées !

Vous planez sur la Mort, vous planez sur l’oubli.
Le Temps emporte tout, le siècle comme l’heure ;
Tout se perd, tout s’écroule… et votre aspect demeure
Tel qu’il le fut jadis pour maint enseveli.

Vous planez sur la Mort, vous planez sur l’oubli !

  1. Cette pièce et la suivante devaient faire partie du livre Le Cap Éternité.