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— Fendant les vagues, le steamer
Porte vers d’étranges rivages
Des cœurs gonflés d’un spleen amer
Et brûlés de désirs sauvages ;

Par les orients amoureux,
Dans les forêts aromatiques
Dansent pour les rois langoureux
Des bayadères extatiques ;

Plus simplement, tout près de nous,
Sœur de la femme qui nous aime,
Un être familier et doux
Se meurt dans un baiser suprême ;

Puis, c’est le rêve du savoir
Et le chagrin des yeux moroses
Qui dans l’univers veulent voir
La vaste inanité des choses ;

Et c’est, ô poignante rancœur !
La passion qui se déchire
Et dissèque son propre cœur
Dans un effroyable martyre ;