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Mes yeux, que fige la terreur,
Au fond de ses prunelles glauques
Voient les jeux fous des vagues rauques,
Les squales ivres de fureur,

Les croûtes plates des limules,
De baveux bivalves ouverts
Et sous de traîtreux fucus verts
De longs lacis de tentacules.

Monstre, ainsi nagent dans mes yeux
Des reflets d’effroyables joies
Et la sombre image des proies
Qu’engloutit mon cœur vicieux.

Évadé d’un enfer immonde,
Je garde irréparablement
L’amour affreux et le tourment
De ce sinistre et hideux monde.

Mais au vierge, au sévère azur,
Reniant la fange subie,
Ne puis-je en mon âme amphibie
Offrir un culte neuf et pur ?