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LES ADIEUX DE SAPHO


D’après Swinburne.


L’Amour frôlera-t-il encor ces lèvres molles
Que frôleront bientôt les lèvres de la Mort ?
Reste !… ou pars, si tu veux !… Mes lèvres étaient folles.
Aime où tu voudras, vis ta vie et suis ton sort !

Éloigne-toi !… Mais tes cheveux, tes yeux, ta bouche
Nourrissent mes désirs et calment mes douleurs.
Avant de me quitter, si le passé te touche,
Un plein baiser ! Tes yeux ne verront point mes pleurs.

Qu’importe que les doigts des filles étrangères,
Comme jadis les miens, passent dans tes cheveux ?
Ou sur ta bouche en feu que leurs lèvres légères
Mêlent, comme j’ai fait, leurs baisers et leurs vœux ?