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SUR L’OREILLER



Ma veilleuse est morte et le jour
Tourmente mon carreau livide.
Mon pauvre oreiller veuf d’amour,
J’entends, j’entends bien qu’il se vide.

J’entends le murmure que font
Des bruissements de plumages
Voletant, heurtant le plafond
D’un doux brouillard plein de ramages.

Mon silence écoute. J’entends
Des phrases de songe et de fièvre,
Des soupirs, des cris haletants,
Des baisers d’équivoques lèvres,

Et tout ce passé proféré
Sur cet oreiller de caresses
Où j’agonisais, enivré
De trop d’ivresses pécheresses.