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Ils disent, les élus des légendes, qu’il doit
La flamme de son être à cette lyre étrange
Dont chaque fibre vibre à son pur essor d’ange,
Sans voix et sans toucher musical de nul doigt.

Il chante la beauté du suprême néant
Où va s’évanouir l’illusion de vivre,
La tristesse d’aimer qu’un cher mensonge enivre,
Le passé tout en cendre et l’avenir béant.

Mais ce chant est plus doux que la douce clarté
Des roses d’or dans les palais d’ambre et d’ébène.
Ah ! qu’un mystère ami vers la terre t’amène,
Et le bonheur naîtra sous ton vol velouté !

Israfel ! Abolis nos maux et nos rancœurs
Et fais mourir dans ta flamme mélodieuse
— Mélancolie exquise et douleur radieuse ! —
Nos pauvres cœurs, échos plaintifs des autres cœurs !